L'insoumise de La Haye
Le 11 septembre 2001, à Amsterdam, Ayaan Hirsi Ali se trouvait à son bureau dans un think tank (organe de réflexion) du PvdA (Parti du travail, social-démocrate). Une vive agitation se fit soudain entendre à l'étage du dessous, où œuvrait l'équipe de campagne du parti. Ayaan est descendue, un peu énervée : "Pourriez-vous faire un peu moins de bruit ?" Puis elle s'est jointe, bouche bée, à la petite foule réunie devant CNN.
A l'époque, Ayaan partageait sa vie avec un garçon sans être mariée, buvait volontiers de l'alcool, horrifiait ses parents traditionalistes mais priait encore Allah. D'origine somalienne, elle avait été élevée en terre d'islam. Quand le second avion s'écrasa sur le World Trade Center, Ayaan Hirsi Ali fit une prière : "Dieu, faites que ce ne soit pas un musulman qui ait fait ça."
Dieu ne l'entendit pas et les journaux publièrent la lettre laissée par le kamikaze Mohammed Atta. Ils conclurent que les terroristes avaient agi au nom d'Allah. Autour de la machine à café, dans le bureau de la fondation, un cadre du PvdA haussa les épaules : "Cet attentat n'a rien à voir avec l'islam." Ayaan lui répondit : "Tout ce qui est dans cette lettre, je l'ai lu et entendu depuis ma naissance. Je le connais par cœur. Et, il n'y a pas si longtemps, j'aurais pu être un des kamikazes."
Ayaan Hirsi Ali a 35 ans. La musulmane très pieuse qu'elle fut dans sa jeunesse est devenue l'une des principales ennemies des islamistes radicaux, aux Pays-Bas, sa patrie d'adoption, comme ailleurs. Ces jours-ci, dans les rues de Paris où elle est l'invitée du ministère des affaires étrangères, les passants se retournent sur son visage sublime, sa silhouette longue et mince moulée dans un tailleur-pantalon bordeaux, les cheveux ramassés en chignon. Ses six gardes du corps (deux Néerlandais et quatre Français) ne la quittent pas d'une semelle. Bientôt, elle embarquera dans sa voiture blindée. Puis retrouvera son bureau du Parlement de La Haye, où elle exerce un mandat de députée du VVD, le parti libéral, depuis janvier 2003. Un véritable bunker, sans fenêtre, sous surveillance permanente.
Le 2 novembre 2004, le cinéaste néerlandais Theo Van Gogh était assassiné dans une rue d'Amsterdam. Le court métrage qu'il venait de réaliser, Submission Part I, montrait des femmes victimes de violences, la peau tatouée de versets du Coran et portant des vêtements transparents. La scénariste n'était autre qu'une jeune députée d'origine somalienne, Ayaan Hirsi Ali. Theo Van Gogh fut retrouvé égorgé, le poignard du crime planté dans la poitrine. Une lettre y était accrochée : cinq pages écrites par le meurtrier (Mohammed Bouyeri, un jeune homme d'origine marocaine), destinées à Ayaan Hirsi Ali et la menaçant de mort. Une fatwa d'un nouveau genre contre celle qui entend user de la provocation pour agiter les consciences musulmanes et les amener vers "une époque des Lumières" . Qui osa aussi critiquer le prophète Mahomet ou faire cette déclaration dès novembre 2001 : "L'islam actuel n'est pas compatible avec les présupposés de l'Etat de droit occidental."
Il y a un mois, à New York, Ayaan Hirsi Ali a croisé l'écrivain britannique Salman Rushdie. En 1989, quand ses Versets sataniques valurent à Rushdie la fatwa lancée par l'ayatollah Khomeiny, Ayaan avait 20 ans et habitait Nairobi, au Kenya. Dans le quartier de réfugiés somaliens où elle vivait, la rumeur évoquait un ouvrage honteux, écrit de la main de Satan. Quinze ans plus tard, alors que vient de paraître son livre Insoumise (Ed. Robert Laffont), décryptage des mécanismes d'un islam dépeint comme misogyne et réfractaire à toute liberté individuelle, voilà qu'Ayaan se retrouve à son tour dans le rôle du diable. "Salman Rushdie m'a dit : 'Ne vous laissez pas aller à devenir folle, même si cette situation rend fou', raconte-t-elle en souriant. Il m'a conseillé de donner toute leur valeur aux petites choses de la vie. C'est ce que je fais. Héler soi-même un taxi, par exemple, c'est une vraie joie."
Avant d'en arriver là, Ayaan Hirsi Ali a connu plusieurs exils. Elle est née en Somalie en 1969, l'année même où arrive au pouvoir le dictateur marxiste Mohamed Siyad Barre. Le père d'Ayaan, Hirsi Magan Isse, qui a fait des études en Italie et à l'université Columbia de New York, s'affiche comme un opposant au régime et prend la tête d'un mouvement de guérilla proche du Front démocratique pour le salut de la Somalie. A la naissance de sa fille, il est en prison. En 1976, il est obligé de s'enfuir à l'étranger. Sa seconde épouse, la mère d'Ayaan, va le suivre avec ses trois enfants.
Trois enfants ? Leur grand-mère n'en comptait qu'un seul. Car la fratrie d'Ayaan se composait de deux filles et d'un fils. Dans la tradition islamiste intégriste, où seul le fils est compté, l'addition est claire : 2 + 1 = 1. "Cela nous énervait beaucoup" , reconnaît Ayaan.
Pour elle, c'est l'une des rares notes discordantes dans un milieu et des traditions qu'elle approuve alors jusqu'au fanatisme. "L'islam était notre religion, notre politique, notre idéologie, notre morale, notre justice, notre identité."
Ayaan est une petite fille sage et sérieuse, admirant à la fois sa mère, soucieuse de faire respecter la religion à la lettre, et son père, héros politique dont les études en Occident n'ont pas ébranlé la foi, quoique l'ayant convaincu de faire quelques entorses aux coutumes : initiateur des campagnes d'alphabétisation, il exige que ses filles poursuivent des études et s'oppose à leur excision. Ayaan et sa sœur étudient. Mais leur grand-mère intervient pour les faire exciser à l'âge de 5 ans, en cachette de leur père.
Ayaan est obéissante. Soumise à son destin d'errance sur les traces d'un père clandestin, elle part, à l'âge de 6 ans, pour l'Arabie saoudite. Accepte sans bonheur d'aller en robe verte, la tête serrée par un voile. Subit le rigorisme religieux, et aussi les cloques provoquées par la chaleur sous la robe. La famille migre ensuite en Ethiopie, terre d'exil de l'opposition somalienne, puis au Kenya.
Dans son école pour filles, à Nairobi, les élèves manquent souvent à l'appel. Pour Ayaan, c'est une première alerte dont elle n'a pas encore pleinement conscience. Toujours soumise à la volonté d'Allah, elle découvre peu à peu la destinée de ses camarades absentes de la classe : elles ont été données en mariage. "Il m'arrivait de les rencontrer un an ou deux après. Il ne restait plus rien d'elles. Toutes étaient devenues des usines à fils."
En 1992, c'est au tour d'Ayaan d'être promise en mariage. Le moment, aussi, de sa première révolte. Elle a 23 ans. Son père a arrangé l'affaire avec un cousin canadien qu'elle ne connaît pas. Du Kenya, elle rejoint l'Allemagne, d'où elle doit s'envoler pour le Canada. Sur place, un Allemand d'origine somalienne se charge de veiller sur elle et de tout mettre en ordre pour son départ. Les formalités prennent du temps. Ayaan Hirsi Ali décide soudain de s'enfuir. Une fois à la gare, elle pense à gagner l'Angleterre, pays dont elle maîtrise la langue, mais, sans trop réfléchir, prend finalement un train pour les Pays-Bas.
Dès son arrivée, elle loge dans des foyers d'hébergement, obtient le statut de réfugiée politique et vit en accéléré, comme pour rattraper ses années sans révolte. De femme de ménage, elle devient traductrice pour les services sociaux auprès de femmes ayant fui la violence de leur mari ou de leur père. Elle étudie les sciences politiques, rejoint le Parti du travail. Et commence à faire du bruit.
Treize ans après son "évasion" , la voici dans son tailleur-pantalon bordeaux. Souriante et déterminée, le visage très doux, un charisme de femme d'Etat. Ses positions publiques contre l'islam dérangent tout le monde : d'abord certains musulmans, qui ne tardent pas à menacer celle qui a apostasié sa foi, insulte Mahomet et ne cesse de dénoncer l'oppression dont sont victimes les musulmanes ; le parti chrétien-démocrate (CDA) de la coalition gouvernementale, ensuite, dont la politique d'intégration vise à préserver l'identité culturelle des personnes immigrées, promeut le communautarisme et le développement des divers courants religieux à grand renfort de subventions publiques ; et enfin ses collègues et employeurs du PvdA, embarrassés que l'une des leurs puisse trouver "paresseuses" leurs théories du multiculturalisme et qualifier publiquement l'islam de "religion arriérée" . "La colonisation et l'esclavage ont créé en Occident un sentiment de culpabilité qui conduit à trouver formidables les traditions venues d'ailleurs, analyse-t-elle. C'est une attitude paresseuse, voire raciste."
Dans sa croisade, Ayaan Hirsi Ali s'est ainsi trouvé un modèle : la France. Ses écoles laïques et républicaines, l'organisation de son système policier et judiciaire de lutte antiterroriste en font, à ses yeux, "l'Etat le plus fort" pour contenir les extrémismes et éviter au maximum l'affrontement entre "une extrême droite nationaliste et une extrême droite islamiste" .
Quelques jours après les attentats du 11 septembre 2001, Ayaan Hirsi Ali publie un article contre l'islam et reçoit ses premières menaces de mort. Elle devient une figure majeure de la vie politique néerlandaise. Le Parti du travail, qui tient aux voix de la communauté musulmane, se tortille. Ayaan condamne le communautarisme, invite à plus de vigilance quant aux accréditations des écoles coraniques, vante les mérites de la laïcité à la française, n'hésite pas à critiquer les limites du discours tenu par les travaillistes. Beaucoup d'entre eux ne la regrettent pas lorsqu'elle quitte le parti pour être élue députée sous l'étiquette du VVD, le parti libéral.
Celui qui la convainc de rejoindre cette formation politique n'est autre qu'un certain Frits Bolkestein. Le commissaire européen fut le premier à remettre en question la politique d'intégration néerlandaise, au début des années 1980. "J'aime la France pour la laïcité, mais je la déteste pour ce qu'elle dit de Frits Bolkestein" , lance Ayaan Hirsi Ali, avant d'ajouter, non sans humour : "Je trouve bien hypocrites ces Français qui s'indignent contre le projet de directive Bolkestein - qui établissait la libre circulation des services au sein de l'Union sur le principe du 'pays d'origine"' - alors que les mêmes ne rechignent pas à travailler en Afrique ou en Inde en percevant leurs salaires français...
Comment une jeune femme de 35 ans, noire, féministe et si indépendante, justifie-t-elle sa position au sein du "parti des patrons" ? Ayaan Hirsi Ali n'est pas dupe : sans adhérer à ses thèses "à 100 %, sinon je serais dans une nouvelle secte" , dit-elle, elle réagit en pragmatique et sait tirer parti des intérêts des "patrons" : "Ils ne sont pas dogmatiques. Une politique vigoureuse d'intégration fournira de nouveaux cadres aux grandes entreprises et leur permettra de conserver leur statut, leurs belles villas et leur richesse." Avant tout, elle sait gré aux libéraux de placer au premier plan la liberté individuelle. Donc celle des femmes.
Elle a déjà obtenu la ratification de sa proposition de loi visant à condamner l'excision et rédigé un rapport parlementaire sur l'intégration économique des femmes musulmanes. Elle appelle à l'intransigeance contre les violences domestiques et les mutilations sexuelles et veut que les "crimes d'honneur" relèvent des dispositions prévues pour réprimer les actes terroristes.
Depuis l'assassinat de Theo Van Gogh, Ayaan Hirsi Ali n'a plus de vie. Toujours sous surveillance, elle a habité une base navale d'Amsterdam, changeant de lieu presque chaque nuit avant de s'exiler quelque temps aux Etats-Unis. Puis, n'en pouvant plus, elle a exigé d'habiter une maison dont elle ne bouge plus. Chez elle, à La Haye. "Le métier de femme politique est déjà difficile, cette vie-là le rendait impossible" , constate-t-elle. Elle commence tout juste à reparler à sa mère et n'a presque plus de contacts avec son père. Celui-ci ne lui pardonne pas de "souiller" l'islam en même temps que son nom et son honneur. Il vit à Londres avec sa première femme, qu'il a fini par réépouser après quatre mariages.
"Je ne regrette rien, dit encore Ayaan Hirsi Ali en vous regardant droit dans les yeux. Je continue. Mon seul but est de libérer les femmes d'une religion et d'une culture musulmanes qui leur sont hostiles." L'un des chapitres de son livre s'intitule "Dix conseils aux musulmanes qui veulent s'échapper" .
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L'insoumise De La Haye Biographie de Ayaan Hirsi Ali
#2
Posté 20 mai 2005 - 12:38
Quel tableau idyllique, quelle femme charmante et altruiste
Give me break man, arrete avec ce sujet t'es amoureux ou koi t en a dja parlé...see "Somali woman heads for Dutch parliament
" sujet qui date de 2003.
Arrete de gober ttes les inepties des magasines intello-droito-facho-paternalo-racisto-anti-islam a la con.
Cette femme est une honte pr tte musulmane et femme somalienne et si elle croit qu'elle va reussir a devenir porte parole de la femme musulmane oppressée elle peut aller se recoiffer.
Crois-tu qu'une femme musulmane (je dis meme pas hyper pratiquante) va s'identifier à une pauvre deglingo qui insulte le Coran et blaspheme a tt va pour defouler sa rage de fille perdue qui s assume pas?
Tu sais qd tu veux critiquer qqchose on le fait avec des arguments et pas de la provocation gratuite et des insultes. Mais bon qd on est ignorante et ambitieuse en meme tps comme mme hisrsi on se bat avec les moyen du bord a savoir un cerveau de la taille d une bille et une bouche-caverne.
"Ayaan buvait volontiers mais était qd meme tres pieuse" Ah que c facile de recuper des epaves pr une cause raciste.
Zahma apres le 11 septembre Mme est devenue tellement indignée qu'elle a decidé de survoler le Coran et souligner les passages qui peuvent appuyer son delire fanatique et lui faire des copains ds la très select sphère politique néerlandaise.
Arretez de peindre une martyre pro droit humains a chq fois qu'une femme denonce ce qui va pas ds sa communauté car ds le cas de mme hirsi il est clair que sa premiere cliente est mme hirsi elle meme.

Give me break man, arrete avec ce sujet t'es amoureux ou koi t en a dja parlé...see "Somali woman heads for Dutch parliament
" sujet qui date de 2003.
Arrete de gober ttes les inepties des magasines intello-droito-facho-paternalo-racisto-anti-islam a la con.
Cette femme est une honte pr tte musulmane et femme somalienne et si elle croit qu'elle va reussir a devenir porte parole de la femme musulmane oppressée elle peut aller se recoiffer.
Crois-tu qu'une femme musulmane (je dis meme pas hyper pratiquante) va s'identifier à une pauvre deglingo qui insulte le Coran et blaspheme a tt va pour defouler sa rage de fille perdue qui s assume pas?
Tu sais qd tu veux critiquer qqchose on le fait avec des arguments et pas de la provocation gratuite et des insultes. Mais bon qd on est ignorante et ambitieuse en meme tps comme mme hisrsi on se bat avec les moyen du bord a savoir un cerveau de la taille d une bille et une bouche-caverne.
"Ayaan buvait volontiers mais était qd meme tres pieuse" Ah que c facile de recuper des epaves pr une cause raciste.
Zahma apres le 11 septembre Mme est devenue tellement indignée qu'elle a decidé de survoler le Coran et souligner les passages qui peuvent appuyer son delire fanatique et lui faire des copains ds la très select sphère politique néerlandaise.
Arretez de peindre une martyre pro droit humains a chq fois qu'une femme denonce ce qui va pas ds sa communauté car ds le cas de mme hirsi il est clair que sa premiere cliente est mme hirsi elle meme.
Ce message a été modifié par Wallen - 20 mai 2005 - 12:57 .
''Rumor travels faster, but it don't stay put as long as truth"
Will Rogers
Love makes the world go round
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#3
Posté 20 mai 2005 - 10:37
Ayaan Hirsi Ali
«Le problème, c'est le Prophète et le Coran»
propos recueillis par Jean-Michel Demetz
Son héros a pour nom Spinoza, un autre «allochtone» exclu, lui, voilà plus de trois siècles de la communauté juive d'Amsterdam pour ses positions ratio-nalistes et sa défense du libéralisme. Née en Somalie, Ayaan Hirsi Ali a fui à 22 ans pour échapper à un mariage forcé. Réfugiée aux Pays-Bas, vieille terre d'accueil, cette musulmane en a adopté les valeurs libérales au point de devenir une jeune députée à La Haye et de s'affirmer athée. Pour avoir travaillé dans les services sociaux du royaume, elle connaît, de l'intérieur, les horreurs tolérées à l'encontre des femmes au nom du multiculturalisme. Son combat contre l'emprise de l'islam a pris un tour tragique depuis le 2 novembre 2004, date de l'assassinat par un radical islamiste du cinéaste Theo Van Gogh, coauteur avec elle de Soumission. Menacée de mort, elle sait qu'elle est peut-être en sursis. Ce qui la rend grave, insolente, ironique. Tout simplement plus libre
On sait que vous êtes menacée de mort depuis l'assassinat de Theo Van Gogh et que vous êtes obligée de vous protéger. Comment vivez-vous?
Je vis sous la protection de gardes du corps vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Une chambre a été aménagée pour eux dans mon appartement. Je ne suis jamais seule. La publicité autour de mon histoire a bouleversé ma vie quotidienne. Je suppose que cela l'a rendue plus intéressante… Après la mort de Theo, on m'a fait partir le 8 novembre pour les Etats-Unis, où j'ai séjourné dans les environs de Boston, d'abord, puis en Californie. Je suis rentrée le 18 janvier aux Pays-Bas. Il fallait laisser du temps à la justice pour déterminer si les menaces dont je fais l'objet émanent d'un seul individu ou, comme on l'a vérifié depuis, d'un groupe.
Ayaan Hirsi Ali, députée libérale néerlandaise. Son combat contre l'emprise de l'islam a pris un tour tragique depuis l'assassinat du cinéaste Theo Van Gogh.
Pourquoi êtes-vous une cible?
Je suis devenue apostate: je ne crois plus en Dieu depuis les attentats du 11 septembre 2001. Aux yeux des fondamentalistes qui me menacent, cela justifie ma mise à mort. Ils me reprochent d' «insulter» le Prophète, de dire que l'islam opprime les femmes, de «collaborer avec l'ennemi», c'est-à-dire les non-musulmans.
Savez-vous pourquoi Theo Van Gogh a été assassiné?
Le message de l'assassin est clair: voyez ce que nous faisons quand on touche à l'islam, quand on critique l'islam! C'est aussi l'illustration de ce qui se passe quand on autorise des mouvements radicaux à prendre racine et à se développer. C'est un avant-goût de ce que ce que l'avenir peut réserver aux Pays-Bas comme au reste du monde. Le débat entre la sécurité et la liberté ne fait que s'ouvrir.
La liberté, est-ce pour autant la provocation? Vous avez quand même traité Mahomet de terroriste et de pervers…
Je ne le regrette pas. C'était dans un entretien accordé au quotidien Trouw, à propos des Dix Commandements. Oui, le Prophète a dit qu'il n'y avait qu'une et unique vérité et au nom de cette unicité a détruit toute liberté d'expression. Oui, le Prophète a désiré et volé Zaïnab, la femme de son disciple, qu'il a épousée en prétendant qu'il le faisait avec la bénédiction de Dieu. Oui, il est tombé amoureux d'Aïcha, la fille de son meilleur ami, quand elle avait 9 ans et a refusé d'attendre qu'elle ait atteint la puberté. Le Prophète a demandé la main de la petite fille à 6 ans et le mariage a été consommé quand elle a eu 9 ans: dans nos sociétés occidentales, c'est ce qu'on appelle un pédophile. Cela ne relève pas seulement de l'Histoire: aujourd'hui encore, des musulmans veulent épouser des petites filles en prenant exemple sur le Prophète, ce modèle de moralité. Il est légal d'épouser une petite fille de 9 ans en Iran. Au Pakistan, cela arrive tout le temps. En 2001, le gouvernement marocain a demandé aux autorités néerlandaises d'abaisser l'âge du mariage, pour les filles, de 18 à 15 ans pour être conforme au droit islamique. [NDLR: En décembre 2004, le Maroc a repoussé finalement l'âge du mariage à 18 ans.]
Ce qui s'est passé aux Pays-Bas peut-il se produire ailleurs en Europe?
Bien sûr. En France, par exemple. Mais les musulmans qui pensent comme moi ne parleront plus désormais parce qu'ils ont peur. Je veux faire une exposition artistique sur Soumission avec des mannequins: aucun musée ou galerie n'est désormais prêt à l'accueillir.
«Sortir au grand jour, pour une musulmane, c'est braver les risques de la liberté»
Diriez-vous que l'islam est une religion, une culture arriérée?
On m'a posé la question en Hollande. Si vous le mesurez à l'aune des valeurs occidentales, oui, l'islam est arriéré. Prenez la place de l'individu par rapport à sa communauté, la place de la femme, la place de la connaissance. Cela relève des faits, pas de l'opinion. D'ailleurs, des rapports sur le monde arabe par les Nations unies le confirment.
Dans votre livre, Insoumise (Robert Laffont), vous écrivez ceci: «Depuis l'assassinat de Theo Van Gogh, je suis intimement convaincue que la seule manière de formuler mes critiques repose sur une parole libérée.»
Parler librement est en effet le seul moyen de mettre au jour le fardeau de l'islam, et d'abord pour les musulmans. Plus on le fera, plus on leur permettra de réfléchir sur leur religion - ce qui est tabou dans l'islam. 1,2 milliard de musulmans ne peuvent voir qu'une seule vérité, celle que le Prophète a permise.
Mais il existe des islams différents, plus ou moins stricts selon les pays…
C'est une supposition erronée. En Hollande, nous aurions ainsi l'islam des polders, plus consensuel, en Amérique latine l' «islam-salsa», en France un islam… du vin. Ce n'est pas vrai! C'est ce que nous souhaiterions, mais ce n'est pas la réalité. Si on définit l'islam comme la religion fondée par le Prophète et expliquée par le Coran, et plus tard les hadiths, alors il n'y a qu'un seul islam, qui dicte un cadre moral. Cela dit, oui, il y a des musulmans, ici ou là, qui ne veulent pas respecter la totalité des préceptes - les alévis turcs, certains musulmans de France boivent du vin - mais il y a toujours le risque de les voir confrontés à la pression des fanatiques qui les interrogent sur leur observance. Or, ces derniers ne peuvent que gagner, car le Coran est très clair sur les commandements. C'est pourquoi il faut adopter une perspective historique et reconnaître que l'humanité s'est développée et a beaucoup appris depuis le VIIe siècle. C'est à cette condition qu'il y aura un nouveau mouvement.
L'islam ne connaît-il donc pas d'exégèse et de critique interne?
Non, à cause de la figure du Prophète. C'est la raison pour laquelle je suis un danger pour ceux qui veulent me tuer. Car, même si je reconnais qu'à l'époque le Prophète a mis fin à l'enterrement des petites filles vivantes, mis en place un système de protection des pauvres, uni les tribus, créé une immense civilisation, je le mets quand même en cause. Or, à leurs yeux, il est le guide moral infaillible.
Le problème pour vous, c'est l'islam plus que l'islamisme…
Oui. Le problème, c'est le Prophète et le Coran.
Il n'y a donc pas de cohabitation possible entre l'islam et l'Occident.
C'est ce que je dis. Mais la cohabitation est possible avec les musulmans qui peuvent critiquer le cadre moral que la religion leur impose. A tous ceux-là, je lance: «Voulez-vous vraiment suivre intégralement la pensée du Prophète?» Certains musulmans éclairés sont prêts à cette réflexion. C'est ce que je vais dire au recteur Boubakeur, de la Grande Mosquée de Paris. Je ne crois pas en un mouvement qui prétend libéraliser l'islam sans remettre en cause le Prophète et le Coran. C'est absurde. C'est comme redécorer la maison et rester en dehors. La critique de l'islam ne peut venir que des musulmans d'Occident. Car seul l'Occident offre ce contexte de liberté. Si j'avais tenu ces propos dans n'importe quel pays musulman, je serais morte depuis longtemps déjà.
A la lecture de votre livre, on est frappé par le conservatisme des femmes. C'est votre mère qui refuse que vous alliez à l'école, votre grand-mère qui impose l'excision, contre l'avis de votre père…
Oui. Parfois, ce sont les sœurs, les nièces qui veillent au respect de ces traditions. Il y a une part de masochisme. Mais aussi de peur. Sortir au grand jour, pour une musulmane, c'est braver les risques de la liberté. Que l'homme - le père, le mari, le frère - veille à votre existence matérielle, c'est très réconfortant, en théorie. Nombre de femmes en Occident veulent, par exemple, chercher leur mari librement, mais elles ne savent pas comment faire et se retrouvent contraintes de retourner vers leur famille, qui peut arranger un mariage.
Qu'avez-vous pensé en voyant les présumés terroristes aux Pays-Bas remis en liberté?
En France, vous avez subi de nombreux attentats. Ces épreuves vous ont conduits à mettre en place des tribunaux où les preuves sont présentées aux juges et aux avocats, mais gardées secrètes pour protéger les sources. Nous n'avons malheureusement pas un tel système. Je pense que nous devrions suivre le modèle français.
«Beaucoup d'Européens s'interrogent aujourd'hui sur la question de l'islam. N'ayez pas peur de la controverse!»
Pourquoi avez-vous quitté le parti social-démocrate pour rejoindre les rangs du parti libéral VVD?
Parce que la gauche est exactement comme les musulmans! Je voulais mettre la priorité sur la défense des femmes immigrées victimes de violences domestiques. On m'a dit: «Non, ce n'est pas la priorité! Ce problème se réglera tout seul quand les immigrés auront des emplois et seront intégrés.» C'est exactement ce que disent les imams qui nous demandent d'accepter aujourd'hui l'oppression et l'esclavage parce que demain, au ciel, Dieu nous donnera des dattes et des raisins… Je crois qu'il faut défendre l'individu d'abord. La gauche a peur de tout. Or la peur de l'offense entretient l'injustice et la souffrance. La révolution sexuelle, l'affirmation des droits de l'individu, l'amélioration des conditions de vie des immigrés ont été les grandes causes de la gauche néerlandaise. A ses yeux, le simple fait d'appartenir à une minorité aux Pays-Bas vous donne tous les droits. Ce multiculturalisme est désastreux. Hurlez à la discrimination et toutes les portes vous seront ouvertes! Criez au racisme et vos adversaires se tairont! Or, le multiculturalisme est une théorie inconsistante: si on veut laisser les communautés garder leurs traditions, que se passe-t-il dès lors que ces mêmes traditions s'exercent au détriment des femmes ou des homosexuels? La logique multiculturelle revient à accepter la subordination des femmes aux hommes. Pourtant, les partisans du multiculturalisme ne veulent pas le reconnaître. Ce qu'ils disent, c'est que les femmes le veulent elles-mêmes. Bien sûr, c'est faux: l'oppression des femmes vient de leur éducation.
Vous donnez des conseils aux musulmanes qui veulent échapper à l'islam…
Je leur dis ceci: si vous voulez quitter un milieu familial qui vous refuse l'autonomie, il faut vous préparer à l'épreuve de la liberté. Etre libre, cela passe par des amis, un emploi, un foyer, l'aide des assistantes sociales. Il faut aussi se préparer à se cacher, à vivre seule. C'est le prix à payer pour espérer façonner votre propre vie. Ou alors vous restez l'esclave des traditions.
A vous lire et à vous entendre, j'ai le sentiment que vous prônez une laïcité de combat…
L'Occident devrait se comporter avec l'islam comme la France jadis a réglé ses relations avec l'Eglise catholique. La laïcité a l'avantage d'être un modèle très clair, à la fois pour les Eglises et pour l'Etat neutre. Notre système n'est pas clair. Nous avons des partis chrétiens, y compris extrémistes, représentés au Parlement. La Constitution autorise les écoles religieuses et, bien sûr, l'islam tire avantage de cette ambiguïté. C'est pourquoi je soutiens l'interdiction du port des signes religieux à l'école, qui doit être un espace de neutralité. Pour y parvenir, les Pays-Bas devraient changer leur Constitution. Il faut une majorité des deux tiers au Parlement, et la gauche et les libéraux sont d'accord sur le principe.
Vous allez plus loin en demandant la fermeture des écoles islamiques aux Pays-Bas…
On ne naît pas arriéré, avec une religion dans la tête. L'école doit avoir pour ambition de préparer les enfants à la vie dans une société moderne, fondée sur l'esprit critique, à un apprentissage de la citoyenneté plutôt qu'à l'appartenance tribale. Le seul moyen d'empêcher des adultes de croire que, hors de l'islam, il n'y a point de vérité, c'est de mettre fin aux écoles religieuses, musulmanes ou chrétiennes.
Donc, il n'y a pas d'autre option que l'intégration…
Bien sûr! La religion doit être «privatisée» et les musulmans doivent se soumettre à l'Etat de droit. La pratique des crimes d'honneur, la persécution des homosexuels, les coups contre les femmes, l'excision sont illégales dans une société libérale.
Vous militez, par exemple, en faveur d'un contrôle obligatoire pour déceler les excisions sur les filles…
Le Parlement l'a demandé l'an dernier. Le gouvernement a formé une commission qui a rendu un rapport inutile, portant sur la définition de l'excision plutôt que sur les modalités. J'ai dit que c'était insuffisant. Avant-hier, j'en parlais à Waris Dirie, cette ancienne mannequin somalienne devenue ambassadrice de bonne volonté des Nations unies contre les mutilations génitales féminines, qui m'a apporté son soutien.
Les autorités néerlandaises ont-elles pris position sur la question des écoles religieuses?
Pour ouvrir une école chez nous, il faut déposer un dossier afin d'obtenir un financement. Le ministre des Finances exige désormais que ces écoles s'ouvrent à des Néerlandais de toutes ethnies, qu'elles enseignent l'Etat de droit et la démocratie libérale. C'est devenu difficile pour ces écoles de remplir ces critères… Nous recensons 42 écoles islamiques et 200 demandes d'ouverture.
Dans un pays comme la France, la pratique religieuse chez les musulmans est en baisse. Pourquoi ne pas juste attendre une «démusulmanisation» de l'Occident, comme notre pays a connu une déchristianisation?
Non, non, non! Ce n'est pas assez. Les chrétiens ont arrêté de pratiquer parce qu'ils se sont interrogés sur leur religion. Les musulmans pratiquent moins parce qu'il est difficile de pratiquer l'islam. Essayez de prier cinq fois par jour, pendant une semaine, rien que pour voir! Les musulmans pratiquent moins parce que c'est difficile, pas parce qu'ils doutent.
Quelle est votre réaction quand vous voyez que les auteurs des attentats commis au nom de l'islam, en Europe ou aux Etats-Unis, ont été éduqués ici?
Cela infirme la thèse que la pauvreté est la cause du terrorisme. Cela confirme la séduction du message islamiste. Ce ne sont pas les circonstances qui ouvrent la voie au terrorisme, c'est un choix individuel. Aux Pays-Bas, ce sont de jeunes diplômés passés par de bonnes universités, en passe de trouver de très bons emplois, qui sont allés chercher sur Internet le message fondamentaliste et ont cédé à la séduction totalitaire. Il y a des graines de fascisme dans l'islam. Nous devrions comprendre ce processus. Le choix est simple: soit les intellectuels européens ont le courage de défier les dogmes et la doctrine de l'islam, comme l'ont fait leurs prédécesseurs pour le christianisme ou le judaïsme, soit ils sont prisonniers de l'idée qu'une minorité doit être tolérée et abandonnée à son propre sort. Si cette dernière option l'emporte, nous aurons encore plus d'attentats et nous perdrons de jeunes esprits brillants emportés par la folie du totalitarisme.
Avez-vous le sentiment que le choix se pose aussi clairement dans ces termes pour tous?
Non. C'est pourquoi je le répète. Beaucoup d'Européens s'interrogent aujourd'hui sur la question de l'islam. N'ayez pas peur de la controverse! L'Europe est un continent bâti sur la controverse. La globalisation fait que nombre de jeunes issus du monde arabo-musulman viendront en Europe, même si vous tentez de les en empêcher. C'est une question de démographie. Et ils reproduiront le système. Nous avons tout intérêt en tant qu'Occidentaux à réformer l'islam.
http://lexpress.fr/i....asp?ida=433059
«Le problème, c'est le Prophète et le Coran»
propos recueillis par Jean-Michel Demetz
Son héros a pour nom Spinoza, un autre «allochtone» exclu, lui, voilà plus de trois siècles de la communauté juive d'Amsterdam pour ses positions ratio-nalistes et sa défense du libéralisme. Née en Somalie, Ayaan Hirsi Ali a fui à 22 ans pour échapper à un mariage forcé. Réfugiée aux Pays-Bas, vieille terre d'accueil, cette musulmane en a adopté les valeurs libérales au point de devenir une jeune députée à La Haye et de s'affirmer athée. Pour avoir travaillé dans les services sociaux du royaume, elle connaît, de l'intérieur, les horreurs tolérées à l'encontre des femmes au nom du multiculturalisme. Son combat contre l'emprise de l'islam a pris un tour tragique depuis le 2 novembre 2004, date de l'assassinat par un radical islamiste du cinéaste Theo Van Gogh, coauteur avec elle de Soumission. Menacée de mort, elle sait qu'elle est peut-être en sursis. Ce qui la rend grave, insolente, ironique. Tout simplement plus libre
On sait que vous êtes menacée de mort depuis l'assassinat de Theo Van Gogh et que vous êtes obligée de vous protéger. Comment vivez-vous?
Je vis sous la protection de gardes du corps vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Une chambre a été aménagée pour eux dans mon appartement. Je ne suis jamais seule. La publicité autour de mon histoire a bouleversé ma vie quotidienne. Je suppose que cela l'a rendue plus intéressante… Après la mort de Theo, on m'a fait partir le 8 novembre pour les Etats-Unis, où j'ai séjourné dans les environs de Boston, d'abord, puis en Californie. Je suis rentrée le 18 janvier aux Pays-Bas. Il fallait laisser du temps à la justice pour déterminer si les menaces dont je fais l'objet émanent d'un seul individu ou, comme on l'a vérifié depuis, d'un groupe.
Ayaan Hirsi Ali, députée libérale néerlandaise. Son combat contre l'emprise de l'islam a pris un tour tragique depuis l'assassinat du cinéaste Theo Van Gogh.
Pourquoi êtes-vous une cible?
Je suis devenue apostate: je ne crois plus en Dieu depuis les attentats du 11 septembre 2001. Aux yeux des fondamentalistes qui me menacent, cela justifie ma mise à mort. Ils me reprochent d' «insulter» le Prophète, de dire que l'islam opprime les femmes, de «collaborer avec l'ennemi», c'est-à-dire les non-musulmans.
Savez-vous pourquoi Theo Van Gogh a été assassiné?
Le message de l'assassin est clair: voyez ce que nous faisons quand on touche à l'islam, quand on critique l'islam! C'est aussi l'illustration de ce qui se passe quand on autorise des mouvements radicaux à prendre racine et à se développer. C'est un avant-goût de ce que ce que l'avenir peut réserver aux Pays-Bas comme au reste du monde. Le débat entre la sécurité et la liberté ne fait que s'ouvrir.
La liberté, est-ce pour autant la provocation? Vous avez quand même traité Mahomet de terroriste et de pervers…
Je ne le regrette pas. C'était dans un entretien accordé au quotidien Trouw, à propos des Dix Commandements. Oui, le Prophète a dit qu'il n'y avait qu'une et unique vérité et au nom de cette unicité a détruit toute liberté d'expression. Oui, le Prophète a désiré et volé Zaïnab, la femme de son disciple, qu'il a épousée en prétendant qu'il le faisait avec la bénédiction de Dieu. Oui, il est tombé amoureux d'Aïcha, la fille de son meilleur ami, quand elle avait 9 ans et a refusé d'attendre qu'elle ait atteint la puberté. Le Prophète a demandé la main de la petite fille à 6 ans et le mariage a été consommé quand elle a eu 9 ans: dans nos sociétés occidentales, c'est ce qu'on appelle un pédophile. Cela ne relève pas seulement de l'Histoire: aujourd'hui encore, des musulmans veulent épouser des petites filles en prenant exemple sur le Prophète, ce modèle de moralité. Il est légal d'épouser une petite fille de 9 ans en Iran. Au Pakistan, cela arrive tout le temps. En 2001, le gouvernement marocain a demandé aux autorités néerlandaises d'abaisser l'âge du mariage, pour les filles, de 18 à 15 ans pour être conforme au droit islamique. [NDLR: En décembre 2004, le Maroc a repoussé finalement l'âge du mariage à 18 ans.]
Ce qui s'est passé aux Pays-Bas peut-il se produire ailleurs en Europe?
Bien sûr. En France, par exemple. Mais les musulmans qui pensent comme moi ne parleront plus désormais parce qu'ils ont peur. Je veux faire une exposition artistique sur Soumission avec des mannequins: aucun musée ou galerie n'est désormais prêt à l'accueillir.
«Sortir au grand jour, pour une musulmane, c'est braver les risques de la liberté»
Diriez-vous que l'islam est une religion, une culture arriérée?
On m'a posé la question en Hollande. Si vous le mesurez à l'aune des valeurs occidentales, oui, l'islam est arriéré. Prenez la place de l'individu par rapport à sa communauté, la place de la femme, la place de la connaissance. Cela relève des faits, pas de l'opinion. D'ailleurs, des rapports sur le monde arabe par les Nations unies le confirment.
Dans votre livre, Insoumise (Robert Laffont), vous écrivez ceci: «Depuis l'assassinat de Theo Van Gogh, je suis intimement convaincue que la seule manière de formuler mes critiques repose sur une parole libérée.»
Parler librement est en effet le seul moyen de mettre au jour le fardeau de l'islam, et d'abord pour les musulmans. Plus on le fera, plus on leur permettra de réfléchir sur leur religion - ce qui est tabou dans l'islam. 1,2 milliard de musulmans ne peuvent voir qu'une seule vérité, celle que le Prophète a permise.
Mais il existe des islams différents, plus ou moins stricts selon les pays…
C'est une supposition erronée. En Hollande, nous aurions ainsi l'islam des polders, plus consensuel, en Amérique latine l' «islam-salsa», en France un islam… du vin. Ce n'est pas vrai! C'est ce que nous souhaiterions, mais ce n'est pas la réalité. Si on définit l'islam comme la religion fondée par le Prophète et expliquée par le Coran, et plus tard les hadiths, alors il n'y a qu'un seul islam, qui dicte un cadre moral. Cela dit, oui, il y a des musulmans, ici ou là, qui ne veulent pas respecter la totalité des préceptes - les alévis turcs, certains musulmans de France boivent du vin - mais il y a toujours le risque de les voir confrontés à la pression des fanatiques qui les interrogent sur leur observance. Or, ces derniers ne peuvent que gagner, car le Coran est très clair sur les commandements. C'est pourquoi il faut adopter une perspective historique et reconnaître que l'humanité s'est développée et a beaucoup appris depuis le VIIe siècle. C'est à cette condition qu'il y aura un nouveau mouvement.
L'islam ne connaît-il donc pas d'exégèse et de critique interne?
Non, à cause de la figure du Prophète. C'est la raison pour laquelle je suis un danger pour ceux qui veulent me tuer. Car, même si je reconnais qu'à l'époque le Prophète a mis fin à l'enterrement des petites filles vivantes, mis en place un système de protection des pauvres, uni les tribus, créé une immense civilisation, je le mets quand même en cause. Or, à leurs yeux, il est le guide moral infaillible.
Le problème pour vous, c'est l'islam plus que l'islamisme…
Oui. Le problème, c'est le Prophète et le Coran.
Il n'y a donc pas de cohabitation possible entre l'islam et l'Occident.
C'est ce que je dis. Mais la cohabitation est possible avec les musulmans qui peuvent critiquer le cadre moral que la religion leur impose. A tous ceux-là, je lance: «Voulez-vous vraiment suivre intégralement la pensée du Prophète?» Certains musulmans éclairés sont prêts à cette réflexion. C'est ce que je vais dire au recteur Boubakeur, de la Grande Mosquée de Paris. Je ne crois pas en un mouvement qui prétend libéraliser l'islam sans remettre en cause le Prophète et le Coran. C'est absurde. C'est comme redécorer la maison et rester en dehors. La critique de l'islam ne peut venir que des musulmans d'Occident. Car seul l'Occident offre ce contexte de liberté. Si j'avais tenu ces propos dans n'importe quel pays musulman, je serais morte depuis longtemps déjà.
A la lecture de votre livre, on est frappé par le conservatisme des femmes. C'est votre mère qui refuse que vous alliez à l'école, votre grand-mère qui impose l'excision, contre l'avis de votre père…
Oui. Parfois, ce sont les sœurs, les nièces qui veillent au respect de ces traditions. Il y a une part de masochisme. Mais aussi de peur. Sortir au grand jour, pour une musulmane, c'est braver les risques de la liberté. Que l'homme - le père, le mari, le frère - veille à votre existence matérielle, c'est très réconfortant, en théorie. Nombre de femmes en Occident veulent, par exemple, chercher leur mari librement, mais elles ne savent pas comment faire et se retrouvent contraintes de retourner vers leur famille, qui peut arranger un mariage.
Qu'avez-vous pensé en voyant les présumés terroristes aux Pays-Bas remis en liberté?
En France, vous avez subi de nombreux attentats. Ces épreuves vous ont conduits à mettre en place des tribunaux où les preuves sont présentées aux juges et aux avocats, mais gardées secrètes pour protéger les sources. Nous n'avons malheureusement pas un tel système. Je pense que nous devrions suivre le modèle français.
«Beaucoup d'Européens s'interrogent aujourd'hui sur la question de l'islam. N'ayez pas peur de la controverse!»
Pourquoi avez-vous quitté le parti social-démocrate pour rejoindre les rangs du parti libéral VVD?
Parce que la gauche est exactement comme les musulmans! Je voulais mettre la priorité sur la défense des femmes immigrées victimes de violences domestiques. On m'a dit: «Non, ce n'est pas la priorité! Ce problème se réglera tout seul quand les immigrés auront des emplois et seront intégrés.» C'est exactement ce que disent les imams qui nous demandent d'accepter aujourd'hui l'oppression et l'esclavage parce que demain, au ciel, Dieu nous donnera des dattes et des raisins… Je crois qu'il faut défendre l'individu d'abord. La gauche a peur de tout. Or la peur de l'offense entretient l'injustice et la souffrance. La révolution sexuelle, l'affirmation des droits de l'individu, l'amélioration des conditions de vie des immigrés ont été les grandes causes de la gauche néerlandaise. A ses yeux, le simple fait d'appartenir à une minorité aux Pays-Bas vous donne tous les droits. Ce multiculturalisme est désastreux. Hurlez à la discrimination et toutes les portes vous seront ouvertes! Criez au racisme et vos adversaires se tairont! Or, le multiculturalisme est une théorie inconsistante: si on veut laisser les communautés garder leurs traditions, que se passe-t-il dès lors que ces mêmes traditions s'exercent au détriment des femmes ou des homosexuels? La logique multiculturelle revient à accepter la subordination des femmes aux hommes. Pourtant, les partisans du multiculturalisme ne veulent pas le reconnaître. Ce qu'ils disent, c'est que les femmes le veulent elles-mêmes. Bien sûr, c'est faux: l'oppression des femmes vient de leur éducation.
Vous donnez des conseils aux musulmanes qui veulent échapper à l'islam…
Je leur dis ceci: si vous voulez quitter un milieu familial qui vous refuse l'autonomie, il faut vous préparer à l'épreuve de la liberté. Etre libre, cela passe par des amis, un emploi, un foyer, l'aide des assistantes sociales. Il faut aussi se préparer à se cacher, à vivre seule. C'est le prix à payer pour espérer façonner votre propre vie. Ou alors vous restez l'esclave des traditions.
A vous lire et à vous entendre, j'ai le sentiment que vous prônez une laïcité de combat…
L'Occident devrait se comporter avec l'islam comme la France jadis a réglé ses relations avec l'Eglise catholique. La laïcité a l'avantage d'être un modèle très clair, à la fois pour les Eglises et pour l'Etat neutre. Notre système n'est pas clair. Nous avons des partis chrétiens, y compris extrémistes, représentés au Parlement. La Constitution autorise les écoles religieuses et, bien sûr, l'islam tire avantage de cette ambiguïté. C'est pourquoi je soutiens l'interdiction du port des signes religieux à l'école, qui doit être un espace de neutralité. Pour y parvenir, les Pays-Bas devraient changer leur Constitution. Il faut une majorité des deux tiers au Parlement, et la gauche et les libéraux sont d'accord sur le principe.
Vous allez plus loin en demandant la fermeture des écoles islamiques aux Pays-Bas…
On ne naît pas arriéré, avec une religion dans la tête. L'école doit avoir pour ambition de préparer les enfants à la vie dans une société moderne, fondée sur l'esprit critique, à un apprentissage de la citoyenneté plutôt qu'à l'appartenance tribale. Le seul moyen d'empêcher des adultes de croire que, hors de l'islam, il n'y a point de vérité, c'est de mettre fin aux écoles religieuses, musulmanes ou chrétiennes.
Donc, il n'y a pas d'autre option que l'intégration…
Bien sûr! La religion doit être «privatisée» et les musulmans doivent se soumettre à l'Etat de droit. La pratique des crimes d'honneur, la persécution des homosexuels, les coups contre les femmes, l'excision sont illégales dans une société libérale.
Vous militez, par exemple, en faveur d'un contrôle obligatoire pour déceler les excisions sur les filles…
Le Parlement l'a demandé l'an dernier. Le gouvernement a formé une commission qui a rendu un rapport inutile, portant sur la définition de l'excision plutôt que sur les modalités. J'ai dit que c'était insuffisant. Avant-hier, j'en parlais à Waris Dirie, cette ancienne mannequin somalienne devenue ambassadrice de bonne volonté des Nations unies contre les mutilations génitales féminines, qui m'a apporté son soutien.
Les autorités néerlandaises ont-elles pris position sur la question des écoles religieuses?
Pour ouvrir une école chez nous, il faut déposer un dossier afin d'obtenir un financement. Le ministre des Finances exige désormais que ces écoles s'ouvrent à des Néerlandais de toutes ethnies, qu'elles enseignent l'Etat de droit et la démocratie libérale. C'est devenu difficile pour ces écoles de remplir ces critères… Nous recensons 42 écoles islamiques et 200 demandes d'ouverture.
Dans un pays comme la France, la pratique religieuse chez les musulmans est en baisse. Pourquoi ne pas juste attendre une «démusulmanisation» de l'Occident, comme notre pays a connu une déchristianisation?
Non, non, non! Ce n'est pas assez. Les chrétiens ont arrêté de pratiquer parce qu'ils se sont interrogés sur leur religion. Les musulmans pratiquent moins parce qu'il est difficile de pratiquer l'islam. Essayez de prier cinq fois par jour, pendant une semaine, rien que pour voir! Les musulmans pratiquent moins parce que c'est difficile, pas parce qu'ils doutent.
Quelle est votre réaction quand vous voyez que les auteurs des attentats commis au nom de l'islam, en Europe ou aux Etats-Unis, ont été éduqués ici?
Cela infirme la thèse que la pauvreté est la cause du terrorisme. Cela confirme la séduction du message islamiste. Ce ne sont pas les circonstances qui ouvrent la voie au terrorisme, c'est un choix individuel. Aux Pays-Bas, ce sont de jeunes diplômés passés par de bonnes universités, en passe de trouver de très bons emplois, qui sont allés chercher sur Internet le message fondamentaliste et ont cédé à la séduction totalitaire. Il y a des graines de fascisme dans l'islam. Nous devrions comprendre ce processus. Le choix est simple: soit les intellectuels européens ont le courage de défier les dogmes et la doctrine de l'islam, comme l'ont fait leurs prédécesseurs pour le christianisme ou le judaïsme, soit ils sont prisonniers de l'idée qu'une minorité doit être tolérée et abandonnée à son propre sort. Si cette dernière option l'emporte, nous aurons encore plus d'attentats et nous perdrons de jeunes esprits brillants emportés par la folie du totalitarisme.
Avez-vous le sentiment que le choix se pose aussi clairement dans ces termes pour tous?
Non. C'est pourquoi je le répète. Beaucoup d'Européens s'interrogent aujourd'hui sur la question de l'islam. N'ayez pas peur de la controverse! L'Europe est un continent bâti sur la controverse. La globalisation fait que nombre de jeunes issus du monde arabo-musulman viendront en Europe, même si vous tentez de les en empêcher. C'est une question de démographie. Et ils reproduiront le système. Nous avons tout intérêt en tant qu'Occidentaux à réformer l'islam.
http://lexpress.fr/i....asp?ida=433059
#4
Posté 20 mai 2005 - 10:44
Citation
Elle a déjà obtenu la ratification de sa proposition de loi visant à condamner l'excision et rédigé un rapport parlementaire sur l'intégration économique des femmes musulmanes. Elle appelle à l'intransigeance contre les violences domestiques et les mutilations sexuelles et veut que les "crimes d'honneur" relèvent des dispositions prévues pour réprimer les actes terroristes.
C'est la seule chose positive kelle a fait ces denieres annees.
Mais elle aurait pu obtenir ses lois sans changer de religion ou insulter le prophete.

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