torture (ACAT) France
Appel du mois
L’appel du mois est une lettre d’intervention qui concerne une situation générale, propre à un pays, une région, une communauté, une catégorie de personnes, un régime politique, etc. Sa vocation plus générale en fait un outil de sensibilisation très fort à tous les manquements aux droits de l’homme dans le monde entier. Les militants de l’ACAT-France le distribuent une fois par mois à la sortie des cultes mais aussi dans les aumôneries, ou tout autre lieu de passage. Cet appel du mois est tiré entre 50 000 et 100 000 exemplaires selon les mois.
Signez l'appel de ce mois !Djibouti
Silence, on torture !
DATE LIMITE LE 11 juil. 2011
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Situation
DJIBOUTI
Silence, on torture !
À Djibouti, contester le régime en place est dangereux. Bien que le recours à la torture et aux mauvais traitements soit interdit, les forces de sécurité en usent abondamment pour réprimer les voix contestataires, et leur impunité est totale.
UN RÉGIME AUTORITAIRE
Djibouti, minuscule pays de la Corne de l’Afrique, est dirigé d’une main de fer depuis 1999 par le président Ismail Omar Guelleh.
Dans ce pays qui ne compte aucun député d'opposition au Parlement, dont le seul organisme de radiodiffusion national est gouvernemental, et dont la quasi-totalité des emplois dépendent de l'État, toute contestation politique et sociale est de fait proscrite. Répression de manifestations, arrestations arbitraires, actes de torture et mauvais traitements sont courants à l’encontre des rares contestataires du régime.
Aujourd’hui, au moins soixante-dix prisonniers politiques sont incarcérés à la prison centrale de Djibouti dite «Gabode» dans des conditions déplorables.
Parmi eux, Mohamed Ahmed, dit «Jabha», trente-neuf ans, militant du Front pour la restauration de l’unité et la démocratie (FRUD), mouvement politique d’opposition autrefois armé. Pour avoir essayé de défendre une femme enceinte que des soldats de l’Armée nationale djiboutienne (AND) tentaient de violer, Mohamed Ahmed a été arrêté le 1er mai 2010. Pendant ses premières semaines de détention, il a été gravement torturé – bastonnades, simulacres d’exécution, privation de nourriture – par des éléments de l’AND, des services de sécurité et de la gendarmerie. À ce jour, aucune charge n’a été retenue contre lui. De plus, il n’a toujours pas pu rencontrer un avocat ni bénéficier des soins médicaux dont il a besoin suite aux tortures qu’il a subies. Les coups violents qui lui ont
été assénés lui ont fracturé des côtes et l’absence de soins aggrave son état : il se nourrit avec grande difficulté et a du mal à se mouvoir.
UN ALLIÉ DE L’OCCIDENT
Située au débouché de la mer Rouge et du golfe d’Aden, Djibouti occupe une position stratégique permettant de protéger une des voies maritimes les plus fréquentées au monde. Son port abrite les forces navales de la communauté internationale dans les opérations anti-piraterie. C’est également un allié fidèle des États-Unis dans la guerre contre le terrorisme dans la péninsule arabique et en Somalie. Le camp Lemonnier est la seule base militaire américaine d'Afrique. La CIA y disposerait d'installations pénitentiaires secrètes où des présumés terroristes transiteraient pour y être interrogés. Le pays abrite également la plus importante
présence militaire française à l'étranger. En acceptant, sans retenue, de coopérer avec la communauté internationale et particulièrement l’Occident, Djibouti a gagné leur amitié et leur silence sur l’absence de réelle démocratie et sur les atteintes aux droits de l’homme qui y sont commises régulièrement.
> Zoom - BANALISATION DE LA TORTURE
Mandaytou Ali Daoud a été arrêté en mars 2011 à Randa. Il a été torturé pendant quatre jours dans un camp militaire situé dans le nord du pays par des éléments du Service de documentation et de sécurité (SDS).
Actuellement détenu, il n’est pas autorisé à rencontrer un avocat de son choix ni un médecin malgré les blessures qu’il a subies et des douleurs persistantes au ventre.
Ibrahim Borré Ali, berger de Syaru, localité située au sud-ouest du pays, a été arrêté en janvier 2011, par des éléments de l’AND pour des raisons qui nous sont à ce jour inconnues. Il a été sévèrement torturé alors qu’il était détenu au secret dans divers camps militaires du nord du pays à tel point qu’Il a dû être hospitalisé à l’hôpital Paul Faure pour de multiples hémorragies. Il est actuellement menotté à son lit d’hôpital.
Agir
Après avoir signé cette lettre, il vous suffit de la renvoyer à l'adresse indiquée
À la fin de la lettre, retrouvez le fichier de la lettre d'action, ainsi que tous les documents de l'appel du mois (affiche, appel du mois complet, pétition).
Monsieur le Président,
À la suite d'informations reçues de l'ACAT-France, je vous exprime ma vive préoccupation concernant le sort de Mohamed Ahmed, Ibrahim Borré Ali et Mandaytou Ali Daoud, arrêtés par des éléments de l’Armée nationale djiboutienne (AND), respectivement en mai 2010, janvier et mars 2011. Ils ont été sévèrement torturés au cours de leurs premières semaines de détention au secret dans divers services de sécurité. Mohamed Ahmed est détenu dans des conditions déplorables à la prison centrale de Djibouti et son état de santé est alarmant. Ibrahim Borré Ali est hospitalisé à l’hôpital Paul Faure du fait de multiples hémorragies. Mandaytou Ali Daoudserait détenu dans un camp de la gendarmerie dans le nord du pays.
La Constitution djiboutienne et la loi interdisent le recours à la torture et aux mauvais traitements.
Conformément à la loi, j’exhorte donc les autorités djiboutiennes à :
faire libérer immédiatement ces trois prisonniers, à moins qu’ils ne soient inculpés de charges légales valables et traduits devant un tribunal civil qui garantisse leurs droits procéduraux ;
ordonner une enquête indépendante et impartiale sur les mauvais traitements et les tortures qu’ils ont subis, et sanctionner et juger leurs auteurs et responsables ;
respecter scrupuleusement les dispositions de la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, que Djibouti a ratifiée en 2002.
Dans cette attente, je vous prie d'agréer, Monsieur le Président, l'expression de ma haute considération.
Téléchargez :
La lettre d'intervention
L'appel du mois complet
La pétition
L'affiche
L'appel du mois en version A4
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Ce message a été modifié par lawliateh - 24 juin 2011 - 08:13 .