En 1957, François Duvalier, connu sous le nom de «Papa Doc», était élu président. En 1964, il se déclarait président à vie et instaurait par le fait même une dictature avec l'aide de la milice des Tontons Macoutes, les forces de sécurité personnelles du président. En 1971, son fils de 19 ans, Jean- Claude Duvalier, surnommé «Baby Doc», accédait au pouvoir et s'attribuait le même titre que son défunt père (2).
Le régime de Jean-Claude Duvalier ne permettait la présence que d'un seul parti politique, le CONAJEC (Conseil National d' Action Jean-Claudiste). Le président contrôlait notamment les institutions nationales et les principaux rouages de l'économie. À son arrivée au pouvoir, il entreprit ce qu'il qualifiait de «révolution économique»; il tenta de relancer le tourisme, d'ouvrir le pays aux petites entreprises de sous- traitance nord- américaines et fit appel à l'aide étrangère. Cependant, ces mesures n'empêchèrent pas l'augmentation de l'endettement d'Haïti (3).
Pendant toutes ces années, la famille Duvalier s'est enrichie à même les fonds publics de l'État, laissant le pays dans une situation économique précaire au moment de son exil en France (4). L'État haïtien a, ultérieurement, réclamé quelques 120 millions de dollars à Jean- Claude Duvalier, sans que justice ne soit faite, puisque les tribunaux français ont jugé le litige opposant Haïti à Duvalier comme étant hors de leurs compétences (5).
Le départ de Jean-Claude Duvalier succédait à plus de deux mois de troubles, marqués par des manifestations étudiantes (et de la population), faisant au total 50 morts et 133 blessés (6). Du 26 au 30 janvier 1986, des marches de protestation ont été organisées dans plusieurs régions du pays. Les manifestants ont, entres autres, brûlé le palais de justice dans les Gonaives (7). Ces violentes manifestations ont forcé le président à déclarer l'état de siège le 31 janvier, fermant plusieurs radios publiques et privées. À partir de ce moment, plusieurs gouvernements ont refusé l'asile politique à Duvalier, notamment ceux de la Suisse, de la Grèce et de l'Espagne.
L'annonce du départ de Duvalier, le 7 février 1986, a provoqué l'euphorie. La population haïtienne est descendue dans les rues, a attaqué les symboles du régime Duvalier et tué dix Tontons Macoutes. Au total, cette journée de turbulences a provoqué la mort de vingt personnes (8).
Après le départ de Jean-Claude Duvalier, qui s'est exilé en France avec l'aide des États-Unis, le général Henri Namphy a pris le pouvoir. Il est devenu le président du Conseil national du gouvernement, composé de quatre militaires et de deux civils. Le 29 mars 1987, les Haïtiens adoptaient par référendum leur nouvelle Constitution.
C'est ainsi que commencèrent vingt années d'instabilité politique, marquées par plusieurs tentatives de coups d'États (par le général Namphy après l'élection de Leslie Manigat, par le général Prosper Avril, etc.) (9). Éventuellement, cela menait le peuple haïtien à élire Jean-Bertrand Aristide, qui prenait le pouvoir le 7 février 1990. Il dût à son tour s'exiler en 2004 après de violentes manifestations populaires, laissant place à un gouvernement par intérim qui organisa des élections le 7 février 2006.
Ce message a été modifié par princesse.chougoune - 03 décembre 2010 - 05:42 .