Arreh, le 19 July 2010 - 12:25 AM, dit :
Bismilaahi Rahmaani Rahiim
Frere Djib-Libre
Djib-libre, c'est curieux mais sincerement ton style me rappelle la plume soyeuse d'un ancien ami, historien de formation, fin analyste de la geopolitique regionale et un grand connaisseur de la politique de la somalie de l'ere de Syad Barreh dont il a redige une memoire de maitrise. En tout je ne vais rien ajouter la dessus mais au cas ou tu serais cet ancien ami, inshaAllah je vais te demander le jours qu'on se verra en chair et en os.
J'ai apprecie enormement ta sagacite intellectuelle et ton analyse pertinente. Pour ma part il serait grand temps de redynamiser les institutions traditionelles afin de restaurer leur assise philosophique,leur independance vis a vis des belettes engraisses, cet elite urbaine dont tu presente de maniere si pertinente. Il s'agit de sillonner le pays afin de relancer une nouvelle dynamique qui emboite le pas ce regain de vitalite qui a ete rendu possible par l'intronisation de l'Ougass.
La specifite des issas est plus que jamais affirme par l'intronisation de l'Ougass, un peu comme l'independance les issas ont transcende les chamaillades politiques des belettes, les emotions que j'ai vu sur les visages des issas durant les moments de l'intronisation m'ont persuade que la communaute est de nouveau vivante. A Londres dont j'etais present en tant que membre des organisateurs de la soiree dedie a l'Ougass j'etais temoin de ces emotions, de ces larmes lors du Gabay prononce par Faduma Ahmed.C'est pourquoi je pense sincerement qu'il faut atteler l'organisation politique des issas qui doit transcender les politiques politiciennes qui ont failli nous conduire dans une guerre civile durant l'amnesie collective qui a saisi les issas depuis la mort de notre pere Ougass Hassan Hirsi(qu'Allah l'abreuve des sources de tasnim de Jannatul furdawsa)
Du moins du cote issa les institutions bien que malmene par les grippes des chamaillades politique interne des belettes(ces elites urbaine dont tu parles), ont demontre largement leur autorite sur les issas en intronisant un Ougass, qui il faut reconnaitre constitue aujourdhui une chance historique pour la stabilite de toute la sous region. J'ai l'intime conviction qu'il est grand temps que nos intellectuels se penchent sur ces institutions afin de les interpreter pour mieux leur donner une assise dans le milieu urbain et surtout faire comprendre aux jeunes generations l'importance de ces institutions.
Il est a noter que ces systemes ont toujours ete une anse sure contre la barbarie que pourrait engendrer les porteurs de cravates qui vivent en deni de leur marqueur identitaire et qui voient que toute civilisation ne s'origine que de Rome ou d'Athenes.Je me suis attache a ces questions depuis que j'ai trouve dans la jurisprudence islamique des dispositions qui me donne la permission de reflechir afin de solutionner les problemes societales qui ont emerge a la suite des chocs de la colonisation.
Nos ancetres disaient " Eebahay xugun bu iga abuuray, aabahayna Xeerbu ii dhigay", ou " Xeerka ciise waa gab lagu soco", "Mon Seigneur m'a cree a partir d'une graine et mon pere m'a fait un Droit", "le Xeer ciise est comme une chaussure sur laquelle il faut se chausser".
J'encourage tout jeune issa ou afar qui se penche sur ces questions car notre salut passe par la reconnaissance de nos racines, de nos cultures, comme disait le proverbe, un homme sans culture est un arbre sans racine"
salaamoulaahi alaykoum
Cher Arreh,
D'abord pour donner suite à ta question de préambule, je crains ne pas correspondre à l'ami que tu recherche car n'etant point historien de formation, et par souvenir ma mémoire parlait plutot de "l'érosion de la classe moyenne dans le tiers-monde", un sujet plutot sociétale qu'historique lool.
J'aime l'idée d'explorer les choses et la soif d'apprendre et de par mon boulot la documentation m'aide bien sur cet égard.
J'admire également la vivacité de ton écriture et la sincerité qui se dégage de tes convictions. Ceci dit revenons à notre échange que je trouve enrichissant et courtois et je te parlerais d'un point de vue assez simple et plutot logique, sur l'intitutionnalisation du pouvoir des leaders traditionnels pour mieux faire fonctionner et encadrer les choses.
En premier lieu, un bilan de l’introduction de la démocratie en Afrique en générale sur le modèle occidental est loin d’être positif. Plutôt que de susciter une plus grande responsabilité des dirigeants vis-à-vis des populations, les élections démocratiques en Afrique représentent trop souvent une opportunité d’enrichissement personnel pour les élus et pour leurs réseaux. En second lieu, lorsqu’une une guerre civile survient, la communauté internationale intervient pour accompagner la transition vers la démocratie. Celle-ci suit le modèle d’une brève période de libéralisation, de la tenue d’élections et dans certains cas d’une longue période de consolidation démocratique par le renforcement des institutions gouvernementales et de la société civile. Or, ce modèle n’est sans doute pas le mieux adapté pour assurer la paix. La rupture avec les systèmes traditionnels de gouvernance et de résolution des conflits pendant la période coloniale et postcoloniale a créée un vide au niveau de la gestion d’un grand nombre de conflits sur le continent.
Donc ceci nous montre l'échec de la démocratie à l'occidentale et meme les penseurs occidentaux attribuent ces échecs au fait que le modèle démocratique appliqué ait été importé de l’Occident et ne correspond pas aux réalités africaines. Cela ne veut pas dire que la démocratie en soi - comme forme de gouvernement dans lequel la souveraineté appartient au peuple - est incompatible avec les cultures africaines, cette critique ne s’applique qu’à la tentative de calquer un certain modèle.
Chez nous ces réalités à travers le "Xeer" sont l'importance du concensus, respect des anciens et surtout une bonne dose de foi. Les systèmes traditionnels sont basés sur le principe du consensus, alors que la démocratie occidentale est fondée sur la loi de la majorité : la population accepte de céder l’ensemble de la prise de décision aux vainqueurs au détriment des vaincus. La procédure électorale n’est pas (nécessairement) perçue comme un progrès par l’ancienne génération, si tant est que les jeunes générations l’acceptent comme telle.
Un célébre anthropologue sud-americain disait "un être humain n’est un être humain qu’à travers les êtres humains" Ainsi, tout être humain ne devient véritablement être humain que grâce à sa relation avec d’autres êtres humains. Sous ce regard, les querelles et les conflits entre humains sont dommageables pour l’ensemble du réseau relationnel et doivent donc être traités d’une manière constructive. Une démocratie ne peut fonctionner que si tous ses participants osent exprimer leurs désaccords et que ce débat est respecté par le pouvoir.
La tradition somalienne du respect pour les Anciens peut heurter un système démocratique quand le président - du fait de sa position et de son âge - s’attend à être obéi quoi qu’il arrive. Une démocratie où le président n’accepte pas d’être contredit et où personne n’ose le contredire ne permettrait pas d’équilibrer le pouvoir en place.
Bref, une bonne dose des aspects compatible de la démocratie importé avec un sytème traditionnel institutionnaliser et surtout reconnus par l'ensemble des composants de la socièté Djiboutienne serait l'idéal.
Bien à vous