LA MÉMOIRE AU CŒUR

Houssein Meraneh Mahamoud

Houssein Meraneh Mahamoud est né vers 1917 et quitte son campement nomade à l’âge de 8ans pour rejoindre la ville de Djibouti. Il s’embarque comme manœuvre sur les paquebots français et sillonne les mers. Il s’installe à Marseille au début desanneés1950 et y fonde une famille de 8 enfants avec sa femme Kalia Rayaleh Bouth.
“LE BATAILLON DE TIRAILLEURS SOMALIS”
Formé à Majunga (Madagascar), le 11 mai 1916 à partir de recrues de la Côte française des Somalis, le bataillon est rassemblé à Fréjus, le 10 juin 1916. Les Somalis constituent en octobre 1916 une unité de marche rattachée au RICM. Formant le troisième bataillon de ce régiment, les Somalis font une entrée en guerre remarquée en participant à l’assaut sur le fort de Douaumont, le 24 octobre 1916. La reprise du fort a un retentissement considérable. Le drapeau du RICM est décoré de la croix de la Légion d’honneur et obtient sa troisième citation, à l’ordre de l’armée. Les 2ème et 4ème compagnies de Somalis, associées au RICM dans le texte de cette citation, reçoivent également la croix de guerre avec palme.
En mai 1917, ils prennent part à l’attaque du Chemin des Dames ; le bataillon obtient sa première citation, à l’ordre de la division. Le bataillon participe ensuite à la bataille de l’Aisne, remporte au sein du RICM la victoire de la Malmaison, le 23 octobre 1917, et obtient sa première citation à l’ordre de l’armée. En mai et juin 1918, les Somalis participent à la troisième bataille de l’Aisne, au Mont-de-Choisy, et en juillet, à l’attaque de la 10ème Armée du général Mangin lors de la deuxième bataille de la Marne. En août et septembre 1918, le bataillon somali combat sur le front de l’Oise. En octobre, pour la deuxième fois, il est cité à l’ordre de l’armée et obtient le droit au port de la fourragère aux couleurs du ruban de la croix de guerre. Sur 2 434 tirailleurs recrutés en Côte des Somalis, 2 088 sont venus combattre en Europe ; 517 d’entre eux sont morts pour la France. Quant au nombre des blessés, les chiffres connus varient entre 1 000 et 1 200 blessés.
Au cours de la Seconde Guerre mondiale, le bataillon de marche somali est réorganisé et équipé en Tunisie puis rejoint Antibes début 1945. Il est regroupé avec les bataillons de marche n° 14 et n° 15 pour former le régiment de marche d’Afrique équatoriale française et somalie, qui, au sein du Détachement d’armée de l’Atlantique commandé par le général de Larminat, réduit la “poche de Royan”. Au cœur d’un secteur puissamment fortifié par les Allemands, le bataillon toujours en pointe dans le dispositif remplit toutes les missions qui lui sont confiées et atteint tous ses objectifs au prix de 41 tués (5 Européens et 36 tirailleurs) et 106 blessés (10 Européens et 96 tirailleurs) ; pertes totales : 147 hommes sur un effectif de 860. Le général de Gaulle décerne une citation à l’ordre de l’armée au bataillon somali et, le 22 avril 1945, au cours d’une prise d’armes sur le terrain d’aviation de Soulac, il décore le fanion du bataillon. Le bataillon somali est dissous le 25 juin 1946. Le patrimoine de tradition du bataillon somali est confié à la garde du 5ème RIAOM. Cinq inscriptions de batailles, deux décorations et la ceinture rouge des troupes indigènes illustrent aujourd’hui la mémoire des tirailleurs somalis qui se sont engagés au service des armes de la France.
En mai 1917, ils prennent part à l’attaque du Chemin des Dames ; le bataillon obtient sa première citation, à l’ordre de la division. Le bataillon participe ensuite à la bataille de l’Aisne, remporte au sein du RICM la victoire de la Malmaison, le 23 octobre 1917, et obtient sa première citation à l’ordre de l’armée. En mai et juin 1918, les Somalis participent à la troisième bataille de l’Aisne, au Mont-de-Choisy, et en juillet, à l’attaque de la 10ème Armée du général Mangin lors de la deuxième bataille de la Marne. En août et septembre 1918, le bataillon somali combat sur le front de l’Oise. En octobre, pour la deuxième fois, il est cité à l’ordre de l’armée et obtient le droit au port de la fourragère aux couleurs du ruban de la croix de guerre. Sur 2 434 tirailleurs recrutés en Côte des Somalis, 2 088 sont venus combattre en Europe ; 517 d’entre eux sont morts pour la France. Quant au nombre des blessés, les chiffres connus varient entre 1 000 et 1 200 blessés.
Au cours de la Seconde Guerre mondiale, le bataillon de marche somali est réorganisé et équipé en Tunisie puis rejoint Antibes début 1945. Il est regroupé avec les bataillons de marche n° 14 et n° 15 pour former le régiment de marche d’Afrique équatoriale française et somalie, qui, au sein du Détachement d’armée de l’Atlantique commandé par le général de Larminat, réduit la “poche de Royan”. Au cœur d’un secteur puissamment fortifié par les Allemands, le bataillon toujours en pointe dans le dispositif remplit toutes les missions qui lui sont confiées et atteint tous ses objectifs au prix de 41 tués (5 Européens et 36 tirailleurs) et 106 blessés (10 Européens et 96 tirailleurs) ; pertes totales : 147 hommes sur un effectif de 860. Le général de Gaulle décerne une citation à l’ordre de l’armée au bataillon somali et, le 22 avril 1945, au cours d’une prise d’armes sur le terrain d’aviation de Soulac, il décore le fanion du bataillon. Le bataillon somali est dissous le 25 juin 1946. Le patrimoine de tradition du bataillon somali est confié à la garde du 5ème RIAOM. Cinq inscriptions de batailles, deux décorations et la ceinture rouge des troupes indigènes illustrent aujourd’hui la mémoire des tirailleurs somalis qui se sont engagés au service des armes de la France.

Youssouf Aptidon Darar est né en 1921, à Djibouti. Fils de pêcheur , il se lance très jeune dans le commerce de détail. Il fuit son pays au début de la guerre et rejoint l’Ethiopie pour s’engager en 1941 au sein des FFL et participe à la libération de Djibouti fin 1942. Le bataillon somali est alors recréé à partir des élément des FFL, aux ordre du chef de bataillon Bentzmann. Youssouf y est nommé caporal le 1er avril 1943. Déterminé, remarqué par ses chefs, il se prépare avec son unité à rejoindre en 1944 le corps expéditionnaire qui va partir en France. Il est nommé sergent en février 1944. Il touche le sol métropolitain à Antibes où il ronge son frein pendant plusieurs semaines. Enfin, le 26 mars 1945, il est engagé dans les combats de la Pointe de Graves, en Gironde, où il se couvre de gloire avant de passer en force le Gua et de liberer Soulac. “Sous-officier courageux et discipliné, s’est particulièrement distingué à la tête de son groupe de combat lors de la réduction de la Pointe des Graves, faisant preuve d’une bravoure exemplaire au cours de l’offensive finale des 14 et 20 avril 1945”.
Démobilisé en 1946, M . Aptidon est demeuré aux service de la France comme député à l’ assemblée territoriale et ministre des affaires intérieures e la CFS. Aujourd’hui, à 86 ans, animé d’une grande simplicité et un large sourire fendant son visage, il garde fidèlement et avec fierté la mémoire de ce qu’il a côtoyé il y a soixante ans. Et un amour indéfectible pour la France.
Fait chevalier de la Légion d’honneur par le président de la République française le 25 août 2004, il est président des anciens combattants.
Démobilisé en 1946, M . Aptidon est demeuré aux service de la France comme député à l’ assemblée territoriale et ministre des affaires intérieures e la CFS. Aujourd’hui, à 86 ans, animé d’une grande simplicité et un large sourire fendant son visage, il garde fidèlement et avec fierté la mémoire de ce qu’il a côtoyé il y a soixante ans. Et un amour indéfectible pour la France.
Fait chevalier de la Légion d’honneur par le président de la République française le 25 août 2004, il est président des anciens combattants.

M. Yousouf Aptidon Darar et Miguil Dirir Bouh, anciens membres du 2éme bataillon de Marche Somalis, ont été élevé au cours de cette cérémonie, tout comme leurs camarades africains d'ailleurs, au rang de Chevalier de la Légion d'Honneur par le président Français Jacques Chirac. Cela en présence des Chefs d'Etats des pays dont sont originaires les anciens spahis, goumiers, marcheurs et tirailleurs…
Le président français, à leur adresse, affirmé dans son intervention : " vous avez mêlé votre sang au nôtre. "
La reconnaissance des " oubliés du débarquement " comme les a surnommé la presse africaine, intervient à un moment où la France procède au réajustement et à la revalorisation des pensions accordées aux anciens combattants. Ces pensions ont été augmentées de 20 à 100 % depuis avril dernier comme l'a indiqué un communiqué du ministère délégué aux anciens combattants, publié à la veille des commémorations du 15 août dernier.
Le même ministère a également indiqué que 120 millions d'euro avaient été inscrits au budget français de l'année 2004, destinés aux financements de revalorisation des 80000 pensions d'anciens combattants, sans pour autant donner des précisions sur le montant des crédits prévus au titre de ces augmentations dans le budget de 2005.
Le regretté Amadou Diop, soldat de l'Armée française de 1937 à 1959 est certainement à l'origine de la revalorisation des pensions et de la reconnaissance par l'état français qui s'en est suivie.
En 1996, l'ancien tirailleur sénégalais, offensé par l'injustice, avait déclenché un combat juridique acharné à l'issue duquel il devait obtenir satisfaction. Injustice parce que les soldats africains pourtant en première ligne durant la guerre, étaient néanmoins rémunérés 10 à 15 fois moins que leur camarades français.
L'Etat qui s'est aperçu de sa grave méprise à l'égard de ses anciens combattants africains, est revenu sur ses pas pour corriger son erreur.
D'où cette reconnaissance courageuse de la France envers ceux qui l'ont servie et lui ont versé leur sang durant les deux guerres mondiales.
Le président français, à leur adresse, affirmé dans son intervention : " vous avez mêlé votre sang au nôtre. "
La reconnaissance des " oubliés du débarquement " comme les a surnommé la presse africaine, intervient à un moment où la France procède au réajustement et à la revalorisation des pensions accordées aux anciens combattants. Ces pensions ont été augmentées de 20 à 100 % depuis avril dernier comme l'a indiqué un communiqué du ministère délégué aux anciens combattants, publié à la veille des commémorations du 15 août dernier.
Le même ministère a également indiqué que 120 millions d'euro avaient été inscrits au budget français de l'année 2004, destinés aux financements de revalorisation des 80000 pensions d'anciens combattants, sans pour autant donner des précisions sur le montant des crédits prévus au titre de ces augmentations dans le budget de 2005.
Le regretté Amadou Diop, soldat de l'Armée française de 1937 à 1959 est certainement à l'origine de la revalorisation des pensions et de la reconnaissance par l'état français qui s'en est suivie.
En 1996, l'ancien tirailleur sénégalais, offensé par l'injustice, avait déclenché un combat juridique acharné à l'issue duquel il devait obtenir satisfaction. Injustice parce que les soldats africains pourtant en première ligne durant la guerre, étaient néanmoins rémunérés 10 à 15 fois moins que leur camarades français.
L'Etat qui s'est aperçu de sa grave méprise à l'égard de ses anciens combattants africains, est revenu sur ses pas pour corriger son erreur.
D'où cette reconnaissance courageuse de la France envers ceux qui l'ont servie et lui ont versé leur sang durant les deux guerres mondiales.

Vétérans africains
Les oubliés de l'Histoire sur le devant de la scène à Toulon
Les oubliés de l'Histoire sur le devant de la scène à Toulon
Les cérémonies de commémoration de Toulon témoignent non seulement de la gratitude de la France envers les vétérans africains de la seconde Guerre Mondiale mais viennent aussi rappeler aux jeunes générations les sacrifices consentis et les exploits militaires réalisés par les soldats noirs ou arabes dans la libération de la France.
Ce n'est qu'une juste réparation pour la mémoire de tous leurs frères d'armes morts au champ d'honneur.
Rien ne vaut le récit d'un survivant pour connaître les hauts faits d'armes à l'actif des anciens combattants du bataillon Somali.
Voici donc le témoignage de l'un de ces vétérans, en l'occurrence M. Miguil Dirir Bouh, qui ont connu les rigueurs de la guerre.
Dès son engagement, il partit avec une compagnie de 270 hommes qui formait le 3ème Bataillon d'Ali-Sabieh. Le Premier Bataillon déjà englobé dans le Régiment Marocain fut directement envoyé en Algérie.
Avant de partir au front, ils subirent une rude formation militaire pendant 6 mois. Le souvenir de la bataille de la Pointe de Grave reste particulièrement précis dans sa mémoire. Le 20 avril 1945 les Tirailleurs Somalis en tête de troupe s'approchaient dans les marécages en face des Allemands. A l'aube, ils étaient dans leurs bateaux pneumatiques quand les Allemands leur tirèrent dessus. Ils plongèrent donc dans l'eau tout en lançant des grenades.
Leur colonel demanda à ses troupes de nager, " exercice difficile pour un somali " a-t-il dit en souriant.
Après cela, ils rampèrent 600 mètres près des positions allemandes mais se retrouvèrent bien vite coincés par l'ennemi. Ils y perdirent 20 hommes sur 44.
Vers 15 H 30, le colonel repéra les positions allemandes et ordonna l'offensive. Personne ne fit demi tour. Ils firent 300 prisonniers, et la troupe put enfin passer. Durant la période du 14 au 20 avril 1944, après 4 jours de combat et l'arrivée des renforts, l'armée française passe grâce à l'aide du capitaine allemand qui avait été capturé et qui avait servi d'indicateur. De ce fait, ils parvinrent à capturer un général allemand.
Le 21 avril, le général de Gaulle déclarait la fin de la guerre.
La description vivante de ces faits d'armes, présente un caractère beaucoup plus émouvant, car on y entrevoit l'effort, le courage, mais aussi le désir de suivre le chef qui sait galvaniser. Que de sang, que de sueur, que de douleurs pour préserver les valeurs de la République ! Les Tirailleurs Somalis, en effet, se considéraient " plus Français que les Français eux-mêmes " !
Comme cela a précédemment été dit : " nous ne savons si ces valeurs peuvent avoir un écho auprès des jeunes de nos jours. Le récit de ces actes de bravoure peut susciter la réflexion suivante : y a-t-il des valeurs qui vaillent le sacrifice de notre vie, des efforts très importants et d'immenses souffrances pour des motifs qui dépassent l'égoïsme et donnent un sens à la société et au vivre ensemble ?
Ce n'est qu'une juste réparation pour la mémoire de tous leurs frères d'armes morts au champ d'honneur.
Rien ne vaut le récit d'un survivant pour connaître les hauts faits d'armes à l'actif des anciens combattants du bataillon Somali.
Voici donc le témoignage de l'un de ces vétérans, en l'occurrence M. Miguil Dirir Bouh, qui ont connu les rigueurs de la guerre.
Dès son engagement, il partit avec une compagnie de 270 hommes qui formait le 3ème Bataillon d'Ali-Sabieh. Le Premier Bataillon déjà englobé dans le Régiment Marocain fut directement envoyé en Algérie.
Avant de partir au front, ils subirent une rude formation militaire pendant 6 mois. Le souvenir de la bataille de la Pointe de Grave reste particulièrement précis dans sa mémoire. Le 20 avril 1945 les Tirailleurs Somalis en tête de troupe s'approchaient dans les marécages en face des Allemands. A l'aube, ils étaient dans leurs bateaux pneumatiques quand les Allemands leur tirèrent dessus. Ils plongèrent donc dans l'eau tout en lançant des grenades.
Leur colonel demanda à ses troupes de nager, " exercice difficile pour un somali " a-t-il dit en souriant.
Après cela, ils rampèrent 600 mètres près des positions allemandes mais se retrouvèrent bien vite coincés par l'ennemi. Ils y perdirent 20 hommes sur 44.
Vers 15 H 30, le colonel repéra les positions allemandes et ordonna l'offensive. Personne ne fit demi tour. Ils firent 300 prisonniers, et la troupe put enfin passer. Durant la période du 14 au 20 avril 1944, après 4 jours de combat et l'arrivée des renforts, l'armée française passe grâce à l'aide du capitaine allemand qui avait été capturé et qui avait servi d'indicateur. De ce fait, ils parvinrent à capturer un général allemand.
Le 21 avril, le général de Gaulle déclarait la fin de la guerre.
La description vivante de ces faits d'armes, présente un caractère beaucoup plus émouvant, car on y entrevoit l'effort, le courage, mais aussi le désir de suivre le chef qui sait galvaniser. Que de sang, que de sueur, que de douleurs pour préserver les valeurs de la République ! Les Tirailleurs Somalis, en effet, se considéraient " plus Français que les Français eux-mêmes " !
Comme cela a précédemment été dit : " nous ne savons si ces valeurs peuvent avoir un écho auprès des jeunes de nos jours. Le récit de ces actes de bravoure peut susciter la réflexion suivante : y a-t-il des valeurs qui vaillent le sacrifice de notre vie, des efforts très importants et d'immenses souffrances pour des motifs qui dépassent l'égoïsme et donnent un sens à la société et au vivre ensemble ?
"