La grand-mère de Barack Obama est morte à la veille de l'élection
LEMONDE.FR avec Reuters | 04.11.08 | 04h46 • Mis à jour le 04.11.08 | 05h27
Photo non datée de Barack Obama avec ses grand-parents maternels, Stanley Armour Dunham et Madelyn Lee Payne Dunham, lors d'une visite à New York, alors qu'il était étudiant à l'université de Colombia.
A son arrivée en Caroline du Nord, lundi 3 novembre, pour son avant-dernier meeting avant le scrutin, Barack Obama a annoncé que Madelyn Dunham, sa grand-mère maternelle, était morte d'un cancer à 86 ans à son domicile d'Honolulu. Il avait interrompu les 22 et 23 octobre sa campagne électorale pour se rendre par avion à son chevet à Hawaï. Elle l'avait en partie élévé à partir de 10 ans lorsque sa mère était partie travailler en Indonésie.
"De toute évidence, l'heure est quelque peu douce-amère pour moi", a déclaré Barack Obama sous une pluie fine, des sanglots dans la voix et des larmes sur les joues. "C'était une personne humble et pleine de franc-parler, l'un de ces héros silencieux qu'on trouve dans l'Amérique entière. Ce ne sont pas des célébrités, mais chaque jour ils travaillent dur." "Elle était la clé de vote de notre famille ainsi qu'une femme d'une force, d'une exemplarité et d'une humilité extraordinaires", avait auparavant écrit Obama dans un communiqué publié avec sa soeur, Maya Soetoro-Ng. "Notre famille souhaite remercier tous ceux qui ont envoyé des fleurs, des cartes de voeux et des prières pendant cette période difficile. (...) Notre grand-mère était quelqu'un de réservé et nous respecterons son voeu d'organiser une petite cérémonie privée à une date ultérieure", a ajouté le candidat démocrate dans son communiqué.
Madelyn Dunham, qu'Obama appelait affectueusement "Toot" (diminutif de "tutu", qui veut dire "grand-mère" en hawaïen), avait suivi la candidature de son petit-fils avec beaucoup d'intérêt. Son décès survient à la veille du vote qui départagera Obama et McCain.
Ce dernier et son épouse Cindy ont adressé un communiqué de condoléances à la famille d'Obama. "Nos pensées et prières vont vers eux, au moment où ils saluent la mémoire de celle qui a joué un grand rôle dans leurs vies", écrivent-ils. "Nous pleurons sa perte et sommes aujourd'hui avec lui et sa famille", a ensuite déclaré McCain, qui faisait étape à Roswell, au Nouveau-Mexique.
A Charlotte, Obama a remercié McCain pour son témoignage de soutien, qu'il a qualifié d'"incroyablement généreux". Il a également adouci son discours, et donné crédit à son rival pour s'être distingué de son parti sur des sujets comme la torture.
La grand-mère d'Obama s'était fracturé la hanche en octobre et à l'époque, le candidat avait expliqué qu'il ne voulait pas répéter l'erreur qu'il avait faite avec sa mère, décédée d'un cancer avant qu'il ait pu venir à son chevet. En se rendant sur l'île de son enfance, il avait ainsi dévoilé un aspect de sa vie privée qui ne le desservira pas forcément après avoir été attaqué sans relâche par le camp républicain sur son patriotisme, sa religion ou son parcours.
Le sénateur métis de l'Illinois évoque souvent dans ses discours ses deux grands-parents maternels. Le grand-père avait combattu lors de la Seconde Guerre mondiale pendant que sa grand-mère travaillait sur une chaîne de fabrication d'obus.
Après avoir donné naissance à la mère d'Obama au Kansas, le couple s'était installé à Hawaï, où Madelyn Dunham était devenue vice-présidente d'une banque. "C'est elle qui m'a appris à travailler dur", avait lancé Obama à la tribune de la convention démocrate de Denver, en acceptant sa nomination comme candidat. "Elle est celle qui a remis à plus tard l'achat d'une nouvelle voiture ou d'une nouvelle robe pour que j'aie une meilleure vie."
Mais Obama avait aussi évoqué sa grand-mère blanche de façon plus crue, après la controverse provoquée en mars par les discours enflammés de son ancien pasteur, le révérend noir Jeremiah Wright, contre les Blancs américains. "Je ne peux pas le désavouer tout comme je ne peux pas désavouer ma grand-mère blanche, une femme qui m'a élevé, une femme qui s'est sacrifiée jour après jour pour moi, une femme qui m'aime plus que tout au monde, mais une femme qui m'a avoué un jour sa peur des hommes noirs qui passaient dans la rue devant chez elle, et qui en plusieurs occasions a exprimé des préjugés racistes ou ethniques qui m'ont fait honte."