C'est une évidence de dire que les grossesses non désirées servent les intérêts pécuniaires des avorteuses. Elles ont le même profil hormis quelques rares exceptions. Les apprenties sorcières sont des étrangères issues des pays limitrophes. Elles pratiquent des avortements clandestins dans les quartiers populaires de la capitale. Ainsi, elles tirent profit de la détresse psychologique de leurs patientes dont la tranche d'âge se situe entre 13 et 30 ans.
Les avorteuses ont l'habitude d'enfoncer un bout de tuyau, utilisé maintes fois, dans l'utérus des jeunes femmes désireuses d'interrompre leur grossesse selon des témoignages concordants.
Accablants aussi parce que les premières ont peu d'égards pour la santé des secondes. Ces dernières sont souvent de jeunes filles pauvres. Elles sont enceintes des œuvres d'individus qui refusent d'assumer leur paternité. Elles finissent par recourir aux avortements clandestins. En dépit des risques, certaines s'en sortent avec des infections utérines ou des fissures du col de l'utérus. Ce qui conduit à un état de stérilité. D'autres plus chanceuses traversent une dépression nerveuse après l'avortement accompli. Elles ont du mal à retrouver leur sérénité d'avant. Elles se murent derrière le silence par peur des clichés réducteurs. De tels dommages physiques et moraux font que les avortements constituent un phénomène à prendre au sérieux. D'autant plus que sa prolifération devient alarmante ces temps-ci. Difficile de ne pas sortir de sa réserve face au désarroi des jeunes femmes enceintes et si seules.
On a envie d'apaiser leurs angoisses. Il me paraît opportun de leur tenir le langage de la sincérité quitte à passer pour une moraliste. Femme pauvre, femme orpheline, tu n'as pas choisi d'être ce que tu es. Mais rien ne justifie ton acte.
Alors jeune femme, écoute ton cœur. Agis de façon à être en paix avec toi -même. Acceptes ta maternité et assumes la comme il se doit. Aujourd'hui, tu penses être la risée du monde, mais au bout de neuf mois, tu incarneras la joie de vivre pour un être qui verra en toi la meilleure maman que le monde ait porté. Ces quelques mots ne sont pas de trop s'ils peuvent briser la solitude des principales concernées ; s'ils peuvent surtout provoquer un déclic chez les Djiboutiennes qui devraient tirer ces victimes des griffes des avorteuses. Ce n'est juste qu'un cri de révolte face aux silences complices entourant les avortements.
Mouna Yonis Hoche
Ce message a été modifié par ayana - 29 juillet 2007 - 11:48 .