A part un lit bancal aux montants rouillés et cabossés. Et comme pour parfaire le sinistre de l'ensemble les draps jaunissants apparaissent affreusement sales à la lumière blafarde qui s'engouffre avec violence d'une vieille lucarne sur laquelle la crasse semble avoir acquis des qualités de transparence..
L'enfant qui y est couchée sur le ventre est d'une maigreur mortelle. Son bras pendouillant hors du lit tient de ses petits ongles noirs une improbable peluche, un ourson. Ses longs cheveux qui s'étirent, éparses, au delà d'un cou miniscule indiquent que c'est une fille. Elle devait être d'une belle couleur veloutée, mais des traces d'une pâleur peu rassurante ont envahi par plaques sa petite peau qu'on imagine sans peine douce au toucher. Je m'approche pour essayer de changer ses draps et elle me sourit: je sens le monde s'éffondrer autour de moi.
"Cette fillette d'à peine 14 ans habite toute seule ici, depuis plus d'un an. Abandonnée par ses parents et très malade, elle ne survit que grâce à l'entourage qui s'organise pour venir à tour de rôle lui apporter à manger et la trainer aux WC" pouvait-on lire sur le mot accroché au mur sans doute par quelque philantrope.
Moi, c'est Ruana. Cela ne fait pas trois mois que j'habitais dans ce quartier comme un autre de la banlieue de *****. J'ai trouvé il y'a deux jours sur ma porte un mot griffoné à la hâte: "Chambre 5, 2ème étage". Je n'y ai pas fait attention au depart: je rentrais d'une pleine journée de boulot et je me souviens m'être endormi tout habillé. Le lendemain, je pus rentrer tôt et en faisant un peu de ménage dans ce lugubre appart je remarquai ce mot sur la pile des choses "à-faire", en tête de laquelle il y'avait degivrer le frigo dont la porte ne fermait plus à cause de la glace qui s'accumulait...
Je me rendit donc à cette fameuse chambre 5, me faisant une série de scénarios tous aussi rocambolesques les uns que les autres. J'y trouvai la misère humaine, tout simplement!
Ce message a été modifié par Tico - 19 janvier 2007 - 08:58 .