Tu es mon identité, je t’appelle Hoyo, d’autres te disent Hoy,
Tu es mon abri, tu es ma protection, tu es mon premier amour, infinie, immortel.
J’étais un fœtus dont tu as nourris par l’intermédiaire de notre nombril.
Grâce à ton sang, je vivais dans ma loge à l’intérieur de ton corps, de ton âme.
Nous étions unis, inséparables, nous partagions malheurs, maladies, étreintes, sensations.
J’écoutais ta musique, ton chant, tes paroles, tes conversations.
J’étais heureux quand tu l’étais, je jouais dans ma toute petite loge quand tu ressentais le bonheur. Tu étais moi et je t’étais toi, nous étions une personne unique au monde.
Jusqu’à ce qu’un jour, on nous sépare et nous devenions deux êtres différents.
Et puis nous vieillissons ensemble.
Grandissant, j’ai eu des frères et des sœurs.
Et puis, tu nous a nourris tous ensemble dans le même plat, tu nous a appris à nous aimer, à jouer ensemble, à rire ensemble.
Par amour, tu te brûlais dans la cuisine afin de préparer ‘inda badan=lohoh’ le matin, tu nous préparais le thé avant de nous réveiller tous. Et nous mangions tous ensemble, riant, discutant avant de nous mettre à jouer.
Innocents, nous étions.
Pendant ce temps, tu lavais nos linges sales, faisait le ménage, lavait la vaisselle.
Sans prendre le plus simple repos, tu reprenais la cuisine, vers ces heures où le soleil est au zénith et où il fait ces chaleurs abominables. Poussée par cet amour incessant, tes sueurs te dévoraient la peau, la chaleur te déchirait le corps. Le plus souvent, tu te brûlais, juste pour nous. Tu nous appelais ensuite et nous mangions tous ensemble avant de faire la sieste.
Pendant ce temps, tu lavais encore la vaisselle.
Tes journées étaient longues et dures, ta pensée unique était basée sur l’amour que tu partageais avec nous. Et on t’appelait HOYO et tu souriais.
Et tu nous a vu grandir.
Nous avons rencontré d’autres individus, nous sommes devenus amis, proches, parfois très proches. Nous avons passé des bons moments avec eux, discutant de tout et de rien. Et puis certains de mes frères et sœurs sont allés un peu plus loin avec eux, les autres m’écoutais et partageais mes idées tout en faisant attention à ce que les autres leurs disaient.
Et on t’oubliait de plus en plus maman sans que notre amour immortel disparaisse.
Farhane a voulu envahir ‘notre voisin’.
Ensuite, « ces autres » nous ont divisé maman, mettant certains de mes frères et sœurs les uns contre les autres. Le peu que j’étais absent maman. Les plus petits y ont crû à leurs histoires incrédules et insensées et ont tué les plus grands. Malheureusement, le pire est arrivé maman, Farah a tué Mouna et Abdi, et Osman a tué Farah et Hibo. Aujourd’hui, nous sommes plus que sept.
C’est alors que maman a pleuré de tout son cœur, malheureuse à entendre la nouvelle. Endeuillée à vie, elle a maigrie, ne pouvant plus manger. Trois de mes frères et sœurs ont traversé les mers pour se réfugier ailleurs, nous sommes restés quatre avec maman, n’ayant ni moyens, ni force pour bouger.
Maman a perdu tous ses moyens, les rides ont pendant ces temps poussés comme des champignons, mais elle a mal, très mal, et puis j’ai fais ma vie entre temps. Je suis heureux avec mes enfants qui se chamaillent de temps en temps, mais maman a mal, mes frères et sœurs ont mal. Et c’est ce qui me fait le plus mal.
Ce message a été modifié par Djib_sincère - 04 mai 2006 - 02:24 .